Vendredi 25 avril aura lieu le premier conseil de la communauté d’agglomération Grenoble-Alpes Métropole après son renouvellement des municipales. Beaucoup de changements ont eu lieu. Au premier titre duquel la présidence sera renouvelée. On ne tire pas sur une ambulance, aussi je m’abstiendrai de tout commentaire au sujet de l’ancien président Marc Baietto battu dans sa commune d’Eybens, mais les assidus de mon blog pourront se reporter à d’anciens billets dont celui-ci. Cette présidence était aussi revendiquée par le dauphin de l’ancien maire de Grenoble, Jérôme Safar. Mais battu lui aussi dans sa commune et même s’il reste conseiller communautaire, on voit mal comment il pourrait prétendre diriger l’agglomération alors que son programme a été désavoué par les électeurs de la ville-centre.
Depuis le 2e tour le 30 mars, les tractations vont bon train pour prendre le contrôle de la Métro. Fidèle à son habitude d’opacité, aucun débat public autour de questions d’avenir et de programmes pour la future Métropole ne transparait sur la place publique. Pourtant, les électeurs étaient censés voter les 23 et 30 mars aussi pour des conseillers communautaires fléchés sur les listes. Mais qui a entendu un vrai débat sur les enjeux de la Métro aux compétences élargies ? On assiste aujourd’hui à des luttes d’appareils, à des écuries qui se forment pour peser sur le vote et aussi, ne le cachons pas, pour se partager les places de vices-présidents qui de 40 ne seront plus que 15 au soir du 25 avril. Y aura t-il ce jour-là une “révolution des œillets” ? On m’excusera ce rappel historique, car personne ne pense que l’on va renverser la table ce jour-là. Il est probable que les premiers votes à la majorité absolue seront infructueux. Il y a donc un risque de voir passer un outsider au troisième tour où la présidence peut être élue à la majorité relative. Si l’on n’y prend pas garde, on peut assister contre toute attente à un basculement à droite de la Métro, alors que la ville-centre sort des élections avec une coloration rouge-verte renforcée et que la banlieue rouge a conservé ses bastions.
Quels sont les candidats en lice à gauche ? Le maire de Grenoble a dit depuis longtemps qu’il voulait être un maire à plein temps et ne revendiquerait pas la présidence de la Métro. Il a aussi ajouté qu’il ne souhaitait pas que la ville-centre marque une quelconque hégémonie sur l’agglomération. Il n’y aura donc pas de candidat issu des 22 élus du Rassemblement citoyen de gauche et écologiste élu à Grenoble. Le groupe communiste présenterait Renzo Sulli, le maire d’Echiroles. mais il ne parait pas crédible que celui-ci reste candidat après une figuration au premier tour pour compter son poids dans l’assemblée. Reste deux candidats issus du groupe PS et apparentés : Yannik Ollivier, maire de Saint Martin le Vinoux et Christophe Ferrari, maire du Pont-de-Claix (de gauche à droite sur l’image). Le choix entre les deux doit être fait jeudi par les adhérents PS. On peut encore déplorer que cela soit décidé en petit comité et en tractations obscures. Aussi je crois utile de donner mon avis ayant eu à côtoyer les deux depuis mon élection en 2009 dans le conseil d’agglomération. Bien sûr ce n’est pas la personnalité des hommes qui compte le plus, mais néanmoins on ne peut pas occulter l’investissement de chacun dans leur mandat. Devenir président d’une future métropole demandera un travail de tous les instants. A ce titre, il n’y a pas photo entre les deux prétendants. Tout le monde a pu juger en conseil du degré de préparation des dossiers de l’un et de l’autre. D’un côté, on a assisté à de longs monologues de Yannik Ollivier qui ne pouvait pas présenter une délibération sans la lire in extenso montrant ainsi qu’il la découvrait en séance, de l’autre j’ai eu l’occasion de croiser le fer avec Christophe Ferrari en particulier au sujet des emprunts toxiques de la Métro et j’ai toujours eu en face un élu qui avait travaillé ses dossiers et connaissait son sujet. Au sein des commissions, la même impression transparaissait. J’ai eu le sentiment que Yannik Ollivier ne s’intéressait pas du tout aux débats de la commission Déplacements dont il assumait la vice-présidence. Pour lui, il s’agissait plus d’une formalité de tenir une commission que d’un moyen d’enrichir la décision de l’exécutif. Tout le contraire en commission Finances où Christophe Ferrari amenait des informations et prenait part aux débats en étant attentif à nos prises de position.
Aujourd’hui où la campagne est lancée, chacun essaye de convaincre les uns et les autres. C’est vrai en particulier pour le futur groupe du Rassemblement citoyen de gauche et écologiste qui pèsera de 22 à 28 voix. Si Christophe Ferrari n’a pas ouvertement tenté de se faire passer pour un écolo de toujours, ce n’est pas le cas pour son concurrent qui a rappelé son opposition à la défunte Rocade Nord comme maire d’une commune impactée. Mais il s’agissait plus d’une réaction de NIMBY : « pas de cela chez moi », qu’une prise de position fondée sur une analyse écologique de son impact. On pourrait aussi lui rappeler les différends qu’il a eus avec une adjointe écologiste de son conseil municipal auquel il a retiré sa délégation…. Christophe Ferrari de son côté défend le « caractère inéluctable de la chimie » dans sa commune… sans parler d’une transformation écologique de l’économie… On ne pourra donc pas départager les prétendants à l’investiture PS sur leurs engagements écologistes. Peut-être plus sur leurs capacités de travail comme je l’ai rappelé et sûrement sur un contrat de mandat à signer préalablement avec les groupes qui les soutiendront; cela devant absolument être connu de tous avant le vote.. mais on peut craindre le contraire et que tout ne se passe une fois de plus en dehors de toute publicité. Pourtant la démocratie en sortirait grandie si les citoyens avaient connaissance de ces tractations opaques. On peut toujours rêver !