Hier, sous la neige et la nuit venue, l’Etat a enfin décidé d’appliquer le droit commun aux personnes roms campant depuis 3 mois sur un terrain prévu pour les gens du voyage au Rondeau au Sud de Grenoble. Ce campement faisait suite à l’évacuation forcée fin août d’un camp coincé entre rocade et voie ferrée. Cette opération avait été menée avec brutalité par des centaines de gardes mobiles; les affaires laissées sur place avaient été jetées à la benne après que les bulldozers eussent rasé toute trace du camp. Plus d’une centaine de roms s’étaient trouvés errant dans la rue dormant dans des parcs de l’agglomération; la communauté d’agglo avait alors été obligée d’ouvrir un terrain prévu pour l’accueil des gens du voyage. Des tentes légères qui pouvaient convenir l’été avaient été mises à disposition des personnes dont de nombreuses familles avec enfants.
Depuis trois mois, cette situation devenait intenable; d’une part les roms qui savent se construire des abris se voyaient interdire toute construction moins précaire; pas d’électricité, peu de points d’eau, des toilettes de chantier, interdiction de faire du feu… Il a fallu l’obstination de militants pour imposer la construction d’une maison commune en bois permettant de se mettre à l’abri de la pluie et de s’asseoir autrement que sous les toiles de tente. Avec le temps, la pluie, la boue et le froid ne pouvaient plus permettre de laisser ces personnes dans ces conditions sanitaires déplorables. Mais l’Etat qui doit financer la mise à l’abri des personnes sans domicile fixe s’y refusait. Il a fallu attendre mardi et les premières chutes de neige pour qu’à 18h un déménagement du camp soit entrepris dans l’improvisation la plus totale. D’un côté les familles ont été déplacées vers des caravanes et des appartements, mais de l’autre les “isolés” (dont des femmes) n’ont pas eu cette chance : pour eux un ancien atelier non dépollué fermé depuis des années; pas de transport pour déplacer les personnes, pas de nourriture sur place, un chauffage insuffisant mis en route après leur arrivée, la police et des vigiles empêchant la presse et les habitants venus témoigner de leur solidarité d’entrer dans le local… Aujourd’hui, après une deuxième nuit sans dormir dans ces conditions, les personnes ont été priées de vider les lieux ce matin en leur disant : « on vous dira ce soir si on réouvre ». Ils en ont profité pour aller à leur ex-camp du Rondeau pour récupérer leurs affaires selon la promesse qui leur a été faite par le CCAS de Grenoble. À leur arrivée la-bas, ils se sont heurtés à des policiers et tout est parti à la poubelle… C’est donc une politique délibérée de brutalité qui a été choisie par la préfecture. Ce soir le local est gardé par des personnes se disant de la Préfecture qui insultent les personnes qui osent demander si un repas a été servi aux roms. Certains d’ailleurs se sont enfuis devant la menace d’une reconduite chez eux. Où est le respect des droits humains ? A moins que cette notion ne soit différente pour l’Etat suivant les personnes. Il est scandaleux de voir le traitement infligé à ces personnes qui n’attendent qu’une chose : pouvoir travailler et vivre ici comme tout le monde. Quand ces discriminations dénoncées par l’Europe prendront-elles fin ?
[MAJ du 7 décembre] Le Préfet ayant décidé de revenir au niveau 1 du plan Grands Froids, le local qui abritait une trentaine de personnes a été fermé et tout le monde est à la rue et la mairie bien gardée pour éviter quelle ne serve de refuge.. Hier soir des dizaines de personnes dont des familles ont passé la nuit dehors sous la pluie. Voilà comment des personnes ont été mises en précarité alors que leurs abris mêmes sommaires, mais chauffés, les protégeaient.