D’abord un peu de vocabulaire : le mot « chibanis », au sens propre « cheveux blancs », est le terme plutôt affectueux donné aux vieux migrants originaires du Maghreb. En quelques mois, ils ont montré leur combativité. D’abord le 17 octobre dernier, ils étaient en tête de la manifestation organisée depuis près de 30 ans à Grenoble chaque année pour commémorer les massacres commis à Paris le 17 octobre 1961 par la police parisienne sous les ordres de Papon. Ce même jour, un Président de la République sortait du négationnisme de l’Etat français et reconnaissait les faits : « la République reconnaît avec lucidité la répression sanglante de la manifestation d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961 ». Il reste à aller au bout de la démarche et à poursuivre les coupables en organisant un procès.
Plus récemment, les chibanis se sont élevés contre les discriminations dont ils sont l’objet. Victimes déjà de règlements particuliers comme la glaciation de leurs pensions militaires, voici que les caisses de prestations sociales et de retraite les harcèlent pour contrôler leur présence en France au moins 6 mois par an. Cela est d’autant plus discriminatoire que ces contrôles n’ont lieu que pour les étrangers qui ont besoin d’un passeport comme les magrébins, pas pour les européens qui n’ont en pas besoin et dont les entrées/sorties du territoire ne sont pas contrôlées par des tampons apposés aux frontières. La HALDE (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations) avait en son temps dénoncé ce procédé. A Grenoble, sur ma proposition, le Conseil Municipal avait voté un vœu le 20 juin 2005 à l’encontre de la CAF qui avait redressé des dizaines de chibanis en leur supprimant l’APL sans fondement. Ce harcèlement continue envers des retraités aux faibles ressources, qui ont une famille, des enfants et petits-enfants au pays et ont droit d’aller les visiter même si cela doit dépasser cette limite arbitraire de 6 mois d’éloignement de France. Mettons fin à ces règlements qui relèvent d’un passé colonial, soyons au contraire reconnaissants à ces vieux travailleurs d’être venus nous aider à un moment où la France manquait de bras pour se construire. La presse s’est faite l’écho ici de leur combat mené avec le soutien du l’association Pays’âges dans le quartier Très-Cloitres.