Depuis près d’un mois que je n’ai pas publié de billet, bien des évènements se sont passés sur Grenoble. Parmi ceux qui ne sont pas dans les journaux, je voudrais mettre en avant la montée du racisme inquiétante contre les populations les plus exclues. Peu après le 50e anniversaire des sinistres « ratonnades » de la police de Papon jetant des centaines d’algériens à la Seine en 1961, je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec le traitement que fait subir notre Préfet et sa police aux populations d’origine roms venus se réfugier dans notre ville. L’évêque de Toulouse avait lui osé faire en août 2010 le rapprochement avec le traitement subi par les juifs sous Vichy. Évidemment et heureusement à Grenoble il n’y a pas mort d’hommes comme à Paris où un homme a péri brûlé vif dans un campement incendié le 24 octobre rue des Pyrénées. Pourtant cela aurait pu arriver ici où par deux fois des individus masqués se sont introduits dans une maison occupée rue Germain par des dizaines de familles venant d’ex-Yougoslavie en attente d’un droit d’asile en France. Des vitres ont été cassées à coup de battes de base-ball, des balles ont été tirées (impact en bas à gauche sur la photo) pendant que les enfants apeurés hurlaient à l’intérieur. La police n’a même pas recherché les balles, ni ramassé une batte cassée abandonnée sur place. Quelques jours plus tard, un feu de cheminée providentiel permettait à la police de faire évacuer la maison, puis de conduire les occupants en grande majorité à l’Hôtel de Police et certains en centre de rétention à l’aéroport de Lyon. Pendant ce temps la maison était soigneusement murée par des ouvriers prêts à intervenir sur l’heure, une police en civil sans brassard “Police” armée de mitraillettes brandies sous le nez éloignant ceux qui voulaient reprendre leurs affaires à l’intérieur (je le sais pour en avoir fait les frais..). Il suffit de lire le récit de ces faits ici pour être édifié sur le comportement de la police légitimé depuis le discours xénophobe de Nicolas Sarkozy à Grenoble fin juillet 2010. Aujourd’hui la centaine de personnes qui vivaient là se sont rendues invisibles occupant les squats plus sordides; les enfants scolarisés ont quitté leurs écoles de peur que la police ne remonte à leurs parents. Pire, une famille est retenue depuis cette intervention au centre de rétention risquant d’être séparée : le père macédonien et ses trois enfants sous la menace d’une expulsion vers le Danemark pays par lequel il est entré dans l’espace Schengen et la mère bulgare vers son pays. Une des raisons invoquées par l’Etat pour justifier cette séparation illégale contraire aux conventions européennes est que la mère n’apporte pas la preuve qu’il s’agit bien de ses enfants. Et pour cause : ses documents d’état-civil sont murés dans la maison rue Germain ! Il faut signer la pétition en ligne sur le site du réseau éducation sans frontières ici. Le Père Noël passera t’il au CRA de Saint-Exupéry ? Pas sûr avec cette haine. Comme le disait l’archevêque l’an dernier parlant des populations d’origine rom : « Ils font partie du genre humain. Ils sont nos Frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier. »
N.B. : la famille a été relâchée le 29 décembre du centre de rétention de Saint Exupéry, mais sa situation reste fragile ici sans titre de séjour.