À l’instant des obsèques de Jean Ferrat alors que le Front National contre lequel il s’est toujours battu progresse, il est bon de rappeler en particulier aux jeunes l’importance d’aller voter dimanche contre le retour à des sombres moments de notre histoire. Lors d’une de ses dernières apparitions en public à l’occasion d’un banquet républicain sur la place de son village d’Antraigues en Ardèche, Jean Ferrat a prononcé ces mots, qu’il a bien voulu adresser par la suite aux militants de Ras l’Front de Voiron pour publication :
«... nous sommes entrés depuis quelques années dans une de ces périodes de régression que j’évoquais à l’instant, un moment de l’histoire où nous pourrions replonger dans l’ombre, ou la nuit semble s’étendre sur la pensée et le brouillard sur nos fragiles certitudes.
Il m’est intolérable en effet, de savoir qu’ici même, à Antraigues qui eut dès 89, deux députés du Tiers état élus à la Convention, Antraigues, dont le passé rebelle et républicain a toujours été sans faille, Antraigues centre de la résistance au nazisme, il m’est intolérable de savoir que 10 % de mes concitoyens votent pour le contraire des idées de justice, de solidarité, de fraternité. Alors, je me dis que nous n’avons pas fait ce qu’il fallait. Qu’il faudra faire autre chose, qu’il faudra faire autrement.
Je ne me résous pas au rejet, à l’exclusion.
Je ne me résous pas à la haine.
Je ne me résous pas à la bêtise du désespoir.
Ma présence ici, ce soir, parmi vous, n’a d’autre signification que de vous en convaincre et de vous assurer que, pour les combattre, je serai toujours à vos côtés ! »
Jean Ferrat