Depuis quelques jours, Grenoble est citée dans les gazettes pour son taux de cadres de 14% qui la place parmi les premières villes françaises derrière Paris et juste devant Toulouse et Lyon. Ce rapport de l’INSEE est pris par certains élus comme une justification de leur politique tournée essentiellement vers les aides à la recherche et aux entreprises de haute technologie qui délocalisent dès qu’elles ont fini de toucher les subsides publics. D’autres comme le maire de Grenoble ont vu le risque en cette période électorale de mécontenter les 86% de non-cadres de sa ville « Depuis 1995, nous nous battons pour que la solidarité soit au cœur de nos politiques. ». Le problème est que les chiffres ne lui donnent pas raison. La carte ci-dessus n’est pas celle du taux de cadres, mais du taux de précarité dans l’agglomération établie par un autre rapport de l’INSEE il y a un peu plus d’un an. On y voit que Grenoble est encore largement en tête pour cet indice de précarité, contrairement aux idées reçues qui veulent que celle-ci soit plus importante dans la première couronne.
La communauté d’agglomération, dont le maire de Grenoble est l’un des vice-présidents distribue aux communes une Dotation de Solidarité Communautaire qui peut aider les communes qui doivent faire face aux difficultés sociales de leurs habitants. Mais cette dotation est loin de correspondre aux mesures de précarité de l’INSEE. Qu’on en juge sur cette carte. Grenoble (16e sur 27 communes) touche environ 40 € par habitant, quand Pont-de-Claix et Saint-Martin d’Hères sont à plus de 100€/hab. Vous allez me dire : il n’y a qu’à corriger cette répartition de l’aide. Impossible : depuis la création dans notre dos (exclus du conseil de Métro en 2008) d’un nouvel impôt payé directement par les ménages au profit de la Métro, la loi impose de figer ce versement de DSC.
Au lieu d’augmenter les impôts locaux à Grenoble, le maire aurait dû se battre à La Métro et ailleurs pour obtenir des contributions des autres collectivités à la hauteur de nos besoins. Mais il était plus préoccupé par d’autres horizons, comme les JO 2018 !