Chaque année, les associations de soutien aux sans-papiers organisent devant la Préfecture un « pique-nique solidaire ». Mercredi dernier de 18h30 à la nuit, des centaines de grenobloises et grenoblois de toutes nationalités sont venus soutenir la lutte des étrangers en attente d’une autorisation de séjour et de travail de l’État. Prises de parole, chants, musiques se sont succédées pour faire oublier un moment leur situation précaire aux sans-papiers.
La Préfecture en effet a durci sa position. De plus en plus d’OQTF (Obligation à Quitter le Territoire Français) sont prises. Il faut soit recourir au juge administratif pour arriver dans quelques cas à obliger le Préfet de donner une carte de séjour (cas d’une étudiante algérienne pour laquelle le Préfet avait refusé ma demande la même semaine) ou orchestrer un battage médiatique pour qu’il consente à donner un récépissé de séjour très provisoire. Un autre algérien qui est l’auxiliaire de vie d’un professeur tétraplégique vient d’obtenir une carte pour attendre le jugement rendu par le Tribunal Administratif le 10 août prochain. Le comble est que le Préfet s’est fait filmer avec le professeur en fauteuil et son aide de vie en prétendant n’avoir pas été au courant de la situation. Pourtant il avait dit auparavant : « Ce n’est pas la personne qui compte, mais la fonction ! ». Preuve que l’administration était bien informée. Un autre cas parmi d’autres concerne toujours un algérien, mais bien d’autres nationalités sont soutenues par les collectifs. Celui-là a été expulsé après avoir été arrêté sur le chemin d’un rendez-vous qu’il avait avec son avocat. Ce dernier voulait lui conseiller de reconnaître ses jumelles à naître qu’il attendait avec sa compagne française, ce qui l’aurait protégé de l’expulsion. Trop tard.. Renvoyé chez lui, les petites sont nées avant terme et ne sont pas prêtes de voir leur père expulsé le 5 juin. Là encore, le Préfet ne savait pas. Au Tribunal où j’étais présent la représentante de la Préfecture a osé dire que l’administration ne savait pas que sa compagne allait accoucher… Doit-on être fier de tant de mensonges prononcés au nom de l’État ?