Beaucoup de collectivités ont souscrit dans les années 2006-2007 des emprunts qui aujourd’hui sont à qualifier de toxiques, car la crise financière que nous traversons révèle leur dangerosité cinq ans après pour les finances publiques. C’est le cas de la communauté d’agglomération de Grenoble, la Métro, qui en 2007 a souscrit auprès de DEXIA, “banque des collectivités” aujourd’hui en faillite, un emprunt courant jusqu’en 2032 basé sur un rapport de devises entre l’euro et le franc suisse. Le taux obtenu restait à 3,57 % pour plus de 20 millions d’euros empruntés, tant que ce rapport €/FS restait supérieur à 1,43, sinon il risquait de s’envoler vers des taux que l’on pourrait qualifier d’usuraires pour des particuliers. Début 2011, ce rapport entre notre monnaie et le franc suisse est passé sous cette barre de 1,43 et depuis s’est effondré arrivant même à la parité 1 € = 1 FS en août dernier. J’ai voulu savoir si le risque qui avait été pris en 2007 en valait la chandelle.. Même pas, m’a répondu la vice-présidente aux finances d’alors, au lieu du taux de 3,57 % il était possible d’obtenir alors un prêt à taux fixe un peu plus cher, mais à moins de 4 % …. Pourquoi alors avoir spéculé avec notre argent pour un surcoût aussi faible ? En mars 2011, le nouveau vice-président aux finances déclarait encore en séance malgré l’effritement déjà de l’euro : “Franchement, la question du degré de risque et notamment de la parité Euro/Franc suisse n’est quand même pas le plus risqué que nous puissions trouver aujourd’hui. ” Quelques mois après avec l’effondrement de l’euro déjà amorcé depuis le début de l’année, le taux de ce prêt dépassait les 25 %…Heureusement pour la Métro, la banque nationale suisse décidait de réagir en septembre pour maintenir le rapport €/FS à au moins 1,20, ce qui entrainait pour notre prêt toxique un taux de 11,5%. Mais encore une fois une mauvaise décision a été prise et la Métro ne croyant pas à la capacité de la Suisse de faire face aux spéculateurs décidait de “sécuriser” ce taux pour l’échéance annuelle du premier janvier dernier à 13,05%. Encore perdu : quelques centaines de milliers d’euros s’envolaient, car la banque helvétique avait des coffres assez pleins pour faire face et maintenir le rapport €/FS à 1,20. Seule la Métro en doutait. Au final et pour cette seule année 2012, c’est 1,9 million d’euros perdus en intérêts toxiques entre le taux de base de 3,57% initial et celui de 13,05% finalement payé… Face à cela d’autres ont été plus prévoyants. Romans par exemple a sécurisé début 2011 deux échéances à un taux de 4,25%, pendant que la Métro laissait faire pour finalement s’affoler quand il était trop tard. Tout le contraire d’une gestion sage des deniers publics.
Aujourd’hui, des citoyens demandent des comptes à la Métro. Il n’est plus possible de leur confier notre dette ainsi sans contrôle. Le collectif pour un audit citoyen de la dette publique a demandé à être reçu et entendu au dernier conseil de Métro. Le président n’a pas accepté cette intervention publique et a préféré renvoyer la réception de ce collectif à la prochaine commission des finances mercredi prochain. Je lui avais pourtant écrit dès septembre pour lui demander de rejoindre l’association des collectivités « Acteurs publics contre les emprunts toxiques » qui engagent des procès souvent gagnés comme par Saint-Etienne contre les banquiers qui les ont mal conseillés. La président Baietto m’a alors répondu « Nous n’avons jamais jusqu’à présent envisagé d’attaquer la banque en justice ». Jusqu’à quand, alors qu’il est impossible de sortir de ce prêt jusqu’en 2032 sauf à payer une indemnité égale à deux fois le capital restant dû.. Va t’on perdre 2 M€ d’intérêts pendant 20 ans sans rien faire ?
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