Tous les habitants ont droit à la tranquillité. La loi doit être respectée partout et les moyens mis en place par l’État qui a cette compétence doivent être proportionnés aux besoins. Habitant depuis 27 ans un quartier « sensible », j’ai connu bien des types d’interventions de la Police. Au début de mon installation à la Villeneuve de Grenoble on trouvait encore des « hirondelles » qui à deux à vélo parcouraient les allées du parc et étaient respectés des plus jeunes. Un peu plus tard, à leur suppression est apparue la police de proximité qui opérait en rondes en voiture. En fait la proximité n’y était plus, puisque d’un rôle de dialogue, la police était plutôt passée au rôle de surveillance, les policiers ne sortant que rarement de leur véhicule de peur d’être agressé. Le lien était rompu. Cette police de terrain a ensuite disparu pour ne laisser place qu’à la BAC qui ne se déplace qu’en cas de délit grave pour tenter d’intercepter les coupables. Le reste du temps, l’espace public est sous la seule protection des policiers municipaux qui ne peuvent agir avec toute l’autorité requise, ni à toute heure. Cette période récente a vu le développement des incivilités allant jusqu’aux agressions pour vol et aux fameux rodéos à moto dans le parc : aucune limite n’est plus fixée aux jeunes qui empoisonnent la vie de milliers d’habitants avec leurs engins sans échappement. Cette occupation de l’espace public par de petites bandes se double de différents trafics qui à mesure que monte la précarité et en particulier le chômage des jeunes se développent en toute impunité.
Récemment le gouvernement a mis en place de nouvelles brigades appelées Unités TErritoriales de Quartier (UTEQ). Villeneuve a vu arriver la sienne le 2 juin. Il s’agit d’équipes de 5 ou 6 policiers bien équipés (casques, flashball à la main..) qui ratissent les allées en éventail. Un habitant dans une réunion publique récente les a qualifiés de « police d’occupation ». Le Préfet présent n’a pas franchement apprécié ce que ce mot pouvait rappeler. Le résultat de l’UTEQ pour le moment est loin du compte; les bandes se sont soudées et la tension ne fait que monter, au point que quelques jours après leur mise en place, un gymnase a brûlé le soir des élections après une journée de provocations des jeunes. J’ai eu l’occasion d’intervenir à ce sujet au dernier conseil municipal.
Aujourd’hui, un nouveau pas est franchi dans la réponse policière : l’usage d’un hélicoptère de police qui tout l’après-midi survole le quartier à basse altitude avec de longs surplaces, comme s’il était à la poursuite de délinquants, sauf qu’au sol aucune équipe de policiers n’est présente. Il s’agit plutôt de montrer sa force que de chercher à élucider des délits. Comment se terminera cette escalade ? Je crains le pire pour ma part avec un cortège de voitures brûlées chaque nuit qui veut dire de la part des jeunes : « même pas peur… ». Si enfin on cessait cette surenchère, si on se mettait autour d’une table avec ces jeunes, des psychologues, des travailleurs sociaux et les autorités… Si on se mobilisait aussi pour en parrainer certains afin de leur trouver des stages ou des boulots qui les sortent du quartier. Ne serait-ce pas mieux que les flash-balls ? Sans être naïf, à quoi nous mène aujourd’hui l’action de la police telle que l’a voulue le président, roi du karcher ?