La question de la démolition de logements sociaux est au centre des débats sur la rénovation urbaine des quartiers qui souvent ont été bâtis trop vite dans les années d’après-guerre quand l’urgence du relogement de familles vivant en bidonvilles primait sur tout. C’était l’hiver 54 et le début des luttes de l’abbé Pierre. Aujourd’hui, les crédits de l’ANRU (Agence Nationale pour le Renouvellement Urbain) sont souvent assortis d’injonctions à démolir avant de reconstruire mieux et ailleurs. À Grenoble, nous avons approuvé les démolitions d’immeubles condamnés à terme en raison de leur mauvaise construction à base de mâchefer comme à Jean Macé. Au sujet des démolitions des barres Strauss dans le quartier Mistral, l’approbation de leur destruction a été accordée avec réserves, car il s’agissait ici de bâtiments encore habitables, bien que mal placés entre deux voiries autoroutières.
Par contre, la démolition votée sans nos voix le 18 avril dernier du n°50 de la galerie de l’Arlequin à Villeneuve (partie orangée avec balcons de la photo ci-dessus) procède d’une logique qui demande à être décryptée. Pour être aidée dans sa prise de décision, la ville de Grenoble avait choisi un cabinet d’architectes réputé, INterland, et en particulier Anne Lacaton qui a reçu en 2008 le Grand Prix National de l’Architecture et a travaillé sur la requalification de nombreux quartiers en Europe et dans la monde et en particulier à Paris, Bordeaux, Londres, Osaka ou Dublin. Elle parle dans cette interview de l’importance de conserver en les requalifiant des bâtiments qui font partie de notre patrimoine. À ce titre quel est le quartier de Grenoble qui a été le plus visité par les urbanistes depuis 40 ans ? Pourquoi certaines parties sont même classées «Patrimoine du XXe siècle», comme celle où j’habite ? Cette étude n’a pas été communiqué aux élus malgré nos demandes réitérées au maire. Il s’agirait d’une étude «préalable à la décision», donc à ce titre considérée comme non publique, car non finalisée. La CADA (Commission d’Accès aux Documents Administratifs) tranchera suite à ma requête. En fait, ce qui gênait le maire est que cette étude allait à l’encontre de sa volonté de marquer de son empreinte ce quartier faute de mieux en en démolissant une partie, laquelle avait déjà été condamnée par l’ancien maire corrompu Alain Carignon. Comme on peut le voir sur le plan dans le rectangle pointillé cette prétendue ouverture n’en est pas une, car elle donne sur une autre façade qui cache le parc derrière. Alors est-ce pour améliorer cette fameuse mixité sociale dont le déséquilibre serait la source de tous les maux du quartier ? Qui peut croire que 68 familles déplacées sans considération pour leur histoire et les solidarités qui se sont tissées avec le voisinage seront suffisantes pour cela ? Autre question : quel sera le coût de cette décision ? Nul ne le sait, mais il se chiffrera en dizaines de millions d’euros vu l’imbrication des réseaux, le manque de murs de refend, les ascenseurs à déplacer… Avec ces fonds, combien d’appartements auraient pu être isolés par l’extérieur au lieu de voir exploser les charges de chauffage au profit de la SEM Compagnie de Chauffage et ses actionnaires, dont la Ville qui possède plus de 50 % des parts ? Des questions dont on attend les réponses de cette majorité que l’on sait divisée sur ce point comme sur d’autres, mais qui le cache. Jusqu’à quand ?
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