Aujourd’hui, la presse s’élève contre le traitement intolérable infligé à un journaliste pour une simple affaire de diffamation. Il faut évidemment réagir fermement contre toute cette banalisation de l’usage de la force policière au mépris de nos libertés. On peut seulement s’étonner qu’il ait fallu ce débordement contre un ancien directeur de publication de Libération pour que la presse s’intéresse à ce qui s’est passé dans un collège de Marciac le 17 novembre. Décrit de l’intérieur, le témoignage d’un professeur qui a vu les gendarmes entrer dans sa classe sans prévenir avec un chien policier agressif envers les jeunes et leurs affaires donne à réfléchir sur la façon dont certains fonctionnaires de police se sentent soutenus pour agir ainsi.
À Grenoble, nous avons subi d’abord le contrôle complet d’un car partant à Vichy à une manifestation autorisée le 3 novembre : car retardé, prises d’identité, photos en gros plan de tous les passagers. Une protestation sollennelle a été signée par de nombreuses organisations, mais il n’est pas sûr que ces contrôles ne deviennent pas la règle. La semaine dernière, des faits plus graves se sont produits, puisque la Police est venue chercher des enfants pendant la classe dans une école maternelle et une autre primaire. Le lendemain cette famille kosovare était expulsée en Allemagne après une nuit au centre de rétention de l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry. Répondant à un appel du jour au lendemain, plus de 500 Grenoblois se sont massés devant l’école, puis sont allés à la Préfecture crier leur indignation. Sur la photo, un parent de l’école lit un communiqué entouré par les camarades des enfants expulsés. Cette affaire continue de mobiliser en particulier le réseau RESF qui essaye d’aider la famille malgré son éloignement.
Ces dérapages policiers nous rappellent des faits bien plus graves qu’on ne doit pas oublier et dont je laisse le soin à Jeanne Moreau de dire avec toute sa passion et son engagement pour défendre les libertés et redonner à notre pays l’image du berceau des Droits de l’Homme à quelques jours du 60e anniversaire de la Déclaration Universelle de 1948.
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