Accompagnant pour mon groupe d’élus une délégation de la Ville de Grenoble en visite à Ouagadougou, ville jumelle, j’ai eu l’occasion en 2005 d’être plongé dans le monde de la Françafrique à l’occasion du sommet de la Francophonie qui se tenait au Burkina Faso.
Aujourd’hui alors que des seconds couteaux aux ordres confessent leurs missions de porteurs de valises qu’ils ont rendues pour le compte d’hommes politiques au sommet de l’État, les photos que j’ai pu prendre de ces instants publics où chefs d’état français et africains de tous bords montrent leur connivence me reviennent en mémoire. Jacques Chirac n’était pas le moins enthousiaste en me souriant à pleines dents me prenant pour un photographe de presse…
Quelques mois plus tard, je recevais François-Xavier Verschave, président de l’association Survie à l’Hôtel de Ville de Grenoble dans le cadre du Conseil Consultatif des Résidents Étrangers Grenoblois. Ce dernier dans une remarquable intervention devant 150 personnes a fait le procès de la Françafrique en nous disant qu’il était honoré de pouvoir le faire pour la première fois dans une salle de conseil municipal. Un mois après il disparaissait des suites d’un cancer nous laissant des ouvrages comme “Noir silence” qui dénoncent ces rapports néocoloniaux qu’entretient encore l’ancien colonisateur avec les pays africains au profit d’intérêts privés de sociétés multinationales comme Total ou Areva, ou de versement occultes finançant des partis ou d’autres activités plus blâmables. La Ville de Grenoble qui continue de collaborer avec le maire de Ouagadougou (entre J. Chirac et B. Delanoë) récemment dénoncé comme chef des milices lancés contre des manifestants de la faim ferait bien de prendre ses distances avec ces réseaux.