Samedi malgré les bourrasques de vent, une trentaine de discours de Grenoble sélectionnés par un jury ont été lus dans le kiosque à musique du Jardin de Ville. Le résultat est très riche allant de slams déclamés par de jeunes auteurs à des discours témoignages de vie en passant par des textes plus politiques faisant contrepied à l’infâme discours raciste et xénophobe de l’ex-président prononcé le 30 juillet 2010 dans notre ville.
Répondant à la demande des organisateurs, j’ai écrit un court texte politique qui a été sélectionné et que j’ai lu samedi :
« Ne me parlez-pas de Grenoble ! » pourrait-on dire après Fernand Raynaud suite à l’odieux discours du président des riches prononcé le 30 juillet 2010 dans une préfecture assiégée par les forces de l’ordre. Justement si, parlons-en pour lui apprendre le glorieux passé d’une ville qu’il n’a pas pu connaître lors de son parachutage de quelques heures dans notre cité.
Révolutionnaire, révoltée, indignée Grenoble l’a toujours été. Depuis la journée des Tuiles du 7 mai 1788 qui marque le début des soulèvements qui conduiront à la Révolution jusqu’au 11 novembre 1943 où des milliers de Grenoblois se sont levés contre l’occupant nazi. Sans oublier plus près de nous, la manifestation des « rappelés » de la guerre d’Algérie en mai 1956, celle du 9 décembre 1996 où plus de 20 000 manifestants se sont opposés à la venue de Le Pen. ; enfin le 27 avril 2002 la plus grande manifestation de province contre les menaces pour les libertés que la présence de Le Pen au deuxième tour faisait peser : au moins 40 000 personnes se sont mobilisées.
Et c’est cette ville que celui qu’on voudrait oublier a choisi pour prononcer un discours raciste et xénophobe ! Mais à quoi servent ses conseillers ? Ils auraient dû l’avertir que Grenoble s’est mobilisée dix ans durant pour demander le droit de vote des résidents étrangers. Chaque année depuis 2002 des centaines de militants français et étrangers organisent une « votation citoyenne » sous le mot d’ordre « Votons pour qu’ils votent ». Les résultats sont tellement favorables à l’octroi de ce droit de voter et d’être élu pour tous les résidents que le Front National ne fait même plus campagne pour le non, sûr d’être archi battu. Dans cette ville se côtoient de très nombreuses nationalités et plus encore de Grenobloises et Grenoblois dont les familles sont venues ici depuis moins d’un siècle. Cette richesse de la diversité qui a forgé Grenoble est un désaveu cinglant au discours d’exclusion prononcé ici un certain 30 juillet 2010.
Les noms de rue, les plaques rappellent partout les sacrifices des résistants qui ont lutté pour la liberté, l’égalité et la fraternité. Et même la justice comme il est ajouté sur la fontaine des Trois Ordres érigéee place Notre-Dame pour fêter le premier centenaire de la journée des Tuiles. Oui, la justice pour toutes et tous, à laquelle nul ne peut se soustraire comme le président des riches entend le faire. « La Société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration. » est-il écrit dans la déclaration universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen. Quand viendra donc le tour d’être jugé pour l’auteur du discours de Grenoble que l’on va vite oublier ?