Hier soir, de nombreuses associations et partis politiques appelaient à un rassemblement appelé “nuit solidaire” devant la Préfecture dans le jardin de la Place de Verdun. Le but était de manifester concrètement en passant une nuit de solidarité avec les sans-abris qui par centaines sont jetés à la rue ces jours-ci à la fin de la période d’hébergement hivernal et vont rejoindre des centaines d’autres qui campent parfois depuis des mois dans d’autres parcs de Grenoble.
D’un rassemblement non violent et qui se voulait même festif, le Préfet de l’Isère a pris la responsabilité de le transformer en exercice de répression en vraie grandeur pour les forces dites de l’ordre. Ne pouvant s’appuyer que sur un règlement des parcs et jardins qui peut au plus entraîner une modeste amende, il prétendait interdire le déploiement de la moindre tente, symbole que les manifestants avaient choisi pour montrer leur solidarité avec les sans toits. Sans aucune des deux sommations pourtant prévues par la loi, des charges de CRS ont eu lieu pour “arracher ” chaque tente déployée. Un de mes camarades des Alternatifs a même été arrêté à ce moment parce qu’il aurait fait preuve de rébellion alors que, j’en ai été témoin, face aux coups de matraque, il ne faisait que se protéger de ses bras. Tiré sans ménagement vers un fourgon, il a passé la nuit en garde à vue à l’Hôtel de Police.
Plus tard, alors qu’un simple matelas ou un duvet à même le sol étaient interdits par ce Préfet bien au chaud dans son appartement de fonction, des fourgons de CRS sont arrivés sur la place peu après minuit pour une violente charge repoussant hors du jardin la centaine de présents restés debout depuis plus de cinq heures. Des matraquages et des courses poursuites d’escouades de CRS avec des chiens ont parcouru tout le centre ville pour traquer en particulier les jeunes qui deviennent l’ennemi déclaré en Sarkozie. Le bilan est de plusieurs traumatisés dont un jeune qui reste encore aujourd’hui avec des hallucinations et des pertes de conscience suite aux coups de matraques violents qui lui ont été portés sur le crâne alors qu’il était sans défense.
Ce Préfet qui ne respecte ni la loi, ni les jugements du tribunal administratif qui pourtant assignent l’État à héberger les demandeurs d’asile devrait retourner à ses premières fonctions de haut responsable de la Police Nationale. Il n’a montré depuis son arrivée en juillet que ses capacités de répression arbitraire.
MAJ : le reportage de FR3 Grenoble du 31 mars 2011