Au lieu d’afficher une fois de plus les voitures brûlées que j’ai vues avec d’autres habitants samedi matin vers 7 heures, je préfère montrer cette image de la chorale des enfants de Villeneuve prise le 5 juin dernier. Pas ou peu de journalistes présents ce jour-là pendant ce moment de grande solidarité entre tous les habitants quelles que soient leurs histoires et leurs difficultés… Aujourd’hui en pleine nuit, on voit les voitures des télés et radios nationales sillonner le quartier à la recherche du moindre témoignage ou image de dégradation. Reviendront-elles à la prochaine fête du quartier ? J’en doute.
Depuis vendredi soir, la population est prise en otage : notre quartier de plusieurs milliers d’habitants est bouclé avec des fouilles minutieuses des véhicules qui entrent et sortent; chaque nuit un hélicoptère de la gendarmerie vrombit au ras des immeubles avec son puissant phare braqué sur les façades; les bus et le tram depuis quatre jours ne viennent plus dans le quartier alors qu’il s’agit d’une décision politique et non technique : tout le réseau peut fonctionner, j’en ai eu confirmation ce matin par un technicien de la TAG. S’il ne s’agit pas d’une punition collective, que l’on m’explique ce qui motive cet état de fait. Par exemple cette dernière nuit calme, pourquoi décider de fouiller de nuit les terrasses que l’on pouvait visiter de jour sans utiliser le phare de l’hélicoptère ? Je ne peux que donner à ce billet ce titre du livre de Michel Foucault.
Quant aux faits qui ont entrainé cette escalade de violence, je crois encore en la justice de mon pays pour établir la vérité, dans le calme et loin des procédures de comparution immédiate et des peines-planchers. Au delà et comme en novembre 2005 lors de la “révolte des banlieues” nous devons redire que la désespérance des exclus du mythe grenoblois de la haute technologie si cher aux responsables politiques en place ne sera pas combattue par le “ravalement des façades” comme le dit l’adjoint à l’urbanisme dans le Dauphiné Libéré d’aujourd’hui ! Avoir aussi peu de vision politique est indigne. La commune ne peut pas tout, mais il faut savoir reconnaitre que le premier problème est lié au chômage des jeunes en particulier et à la discrimination qui choisit les jeunes diplômés qui trouvent ou pas du travail suivant leur nom, leurs origines, leur quartier. Affronter ces questions en face au lieu de faire croire que la Rénovation Urbaine va tout résoudre est la seule réponse responsable. Quand on sait de plus que M. De Longevialle a été membre du cabinet de l’ancien maire corrompu Alain Carignon qui a parqué dans ce quartier tous les habitants les plus en précarité en réservant les logements sociaux de Hoche au centre ville à ses amis, l’adjoint à l’immobilier ferait mieux de se taire. Heureusement des habitants plus lucides réagissent et demandent comment ils vont pouvoir reprendre tout le travail social mis à mal ces quatre derniers jours.
Bonjour,
Merci pour cet article, précieux en ces temps de focalisation absurde des médias. Nous voilà connus à Grenoble dans l’Europe entière pour nos violences urbaines…
Il est temps de construire et non de punir.
http://manuturlututu.free.fr/dotclear_2/index.php?post/Villeneuve-:-Construire-l-avenir