Qui aurait cru qu’un camp de réfugiés puisse être installé à Grenoble ? Certainement pas le docteur Allemand, président de l’antenne grenobloise de Médecins du Monde qui en a vu beaucoup dans le monde, mais pas encore ici. L’urgence est telle qu’avec l’association ADA (Aide aux Demandeurs d’Asile), ils ont décidé de mener cette action forte dans le parc de l’Alliance devant la volonté de l’État de laisser à la rue des personnes isolées ou même en famille avec enfants en bas âge.
Alors que la convention de Genève sur les réfugiés de 1951 stipule « Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays », l’État français n’accueille plus les réfugiés et tente de les décourager de venir ici, comme s’ils avaient le choix quand ils fuient les persécutions dont ils sont l’objet dans leur pays. Les associations sont les mieux placées pour connaître leur parcours d’exilés, puisqu’elles recueillent les témoignages pour préparer les demandes d’asile qui mettent des mois, voire des années à aboutir ou trop souvent rejetées. Pendant le temps de l’instruction des dossiers, la France a le devoir de loger les personnes dans des CADA (Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile) qui sont saturés : il manquerait près de 300 places dans l’Isère.
Aux dernières nouvelles, malgré le week end pluvieux, les familles attendent toujours sous les tentes dans le plus grand dénuement que le Préfet réfléchisse à une solution. Quel scandale ! Il ne manque pourtant pas d’immeubles ou de maisons vides quand on sait le rendement sur Grenoble de la taxe d’habitation des logements vacants. Le Préfet a le pouvoir de les réquisitionner. Pourquoi n’en use t-il pas ?